« Le super à 2 € le litre est inéluctable » pour le PDG de Total

, par webmestre

Voilà pourquoi la DUT milite pour l’intermodalité...

©Aujoud’hui.fr (extraits)

 

Les principaux acteurs de la filière pétrolière, dont le groupe Total, étaient convoqués hier à Bercy par la ministre de l’Economie, , le ministre de l’Energie, , et le secrétaire d’Etat au Commerce, , pour faire le point sur la situation des marchés du pétrole, et la hausse des prix à la pompe.

 
Il leur a été demandé de contribuer au financement de la mesure destinée à compenser en partie la flambée des prix de l’essence. Soit 115 M€ qui seront redistribués à près de 5 millions de contribuables. Du fait de ses 23% de part de marché, c’est plus de 70 M€ (pour un profit de 10,3 milliards en 2010) que Total devra provisionner. Une solution juste mais de « très court terme » pour le patron du groupe, Christophe de Margerie.

Les pouvoirs publics vous mettent à contribution. Quelle est votre réaction ?
CHRISTOPHE DE MARGERIE.
Honnêtement, cela ne fait jamais plaisir d’apprendre un matin que nous allons encore être taxés. Mais quand on est concerné, c’est normal qu’on aille discuter, surtout sur des sujets de société. Cette mesure n’est pas parfaite mais elle est utile car elle aidera les personnes les plus touchées par la forte hausse des prix du carburant. Pas forcément celles qui gagnent le moins, mais celles pour qui ce poste carburant dans leur budget professionnel est le plus élevé. Au regard de l’envolée du prix du baril (79 $ en moyenne en 2010 contre 120 aujourd’hui), cette contribution ne peut constituer toutefois qu’une solution à très court terme. A plus long terme, ce ne sera pas suffisant. Il faudrait pouvoir stopper la flambée du prix du pétrole. Cela n’est pas en notre pouvoir. La vraie solution est globale : il faut miser sur les investissements, passer à la vitesse supérieure sur les économies d’énergie et diminuer la consommation.

Le super à 2 € le litre est donc inéluctable ?

Cela ne fait aucun doute. La vraie question, c’est quand ? Il faut espérer que cela n’arrive pas trop vite, sinon les conséquences seront dramatiques. Qu’est-ce qui pourrait affoler encore plus les prix du baril ? Un embrasement généralisé dans d’importants pays producteurs. Aujourd’hui, l’attention est fixée à juste titre sur la Libye, le Yémen ou encore la Syrie. Rappelons qu’un seul pays comme l’Arabie produit 9 millions de barils de pétrole par jour. S’il venait à manquer sur le marché, les prix deviendraient alors incontrôlables. C’est un scénario certes peu probable mais qui souligne la fragilité de la situation. Sans parler de la parité euro-dollar qui joue là aussi un rôle très important. Heureusement que l’euro est remonté, sinon la facture aurait été encore plus douloureuse.

Que peut-on faire pour contrer en partie cette hausse ?
Tout d’abord investir. L’investissement, c’est avec la réduction de la consommation, la clé contre l’augmentation inexorable du prix de l’énergie. Si demain le nucléaire contribue moins à l’offre d’énergie comme les événements au Japon le laissent supposer, il faudra bien aller chercher l’énergie ailleurs. Même si les energies renouvelables gagnent du terrain, nous serons encore dépendants pendant longtemps des énergies fossiles, et donc du pétrole et du gaz. Or ces énergies ne se trouvent pas en France. Il faut aller les chercher ailleurs. Donc nous laisser investir à l’étranger. L’exploration-production, ce sont les deux tiers de nos investissements aujourd’hui. Et notre capacité d’investissement, ce sont nos bénéfices.

Vous tablez également sur une diminution de la consommation ?
C’est même indispensable ! Elle est déjà en cours. Il faut savoir qu’en France on est revenu au niveau de consommation énergétique de 1985 ! La reprise économique a poussé les prix à la hausse avec une augmentation de la consommation de 2,9 millions de barils par jour en 2010. Mais cette hausse est due uniquement aux pays émergents, Inde et Chine en tête. En Europe, au contraire, la consommation de pétrole diminue. D’où les interrogations autour de nos capacités excédentaires de nos sites de raffinage en France. Pour l’instant, nous avons promis de ne rien changer pendant cinq ans et nous investissons même pour moderniser nos sites.


 ©Aujoud’hui.fr (extraits)